Marc Marcangeli, l’ultimu merri bunapartistu d’ Aiacciu
Mort à l’âge de 66 ans des suites d’une crise cardiaque, Marc Marcangeli disparaissait dans les Landes, à Rivière-Saas-et Gourby, le 15 novembre 2005. Médecin de formation, homme de conviction et figure marquante de la vie politique ajaccienne dans les années 90, il fut le dernier maire bonapartiste de la Cité Impériale. Vingt ans après, retour sur le parcours de celui qui participa aux destinées de la ville lors d’une époque marquée par les revendications nationalistes, les « nuits bleues », l’assassinat du Préfet Érignac et les accords de Matignon.
À Ajaccio, on l’appelait « Twingo ». Derrière ce surnom resté dans toutes les mémoires, l’on pouvait mesurer son ancrage local mais aussi sa popularité. Marc Marcangeli, fut un homme de conviction et un acteur actif de la vie politique ajaccienne des années 1990.
Né à Ajaccio le 6 mars 1939, il appartient à une famille bourgeoise profondément enracinée dans l’histoire politique et commerçante de la ville, avec le mythique glacier le Nord-Sud, rendez-vous politique du Comité Central Bonapartiste (CCB). Neveu de Charles Ornano, maire d’Ajaccio de 1980 à 1994 et président du Comité central bonapartiste (CCB), et fils d’Antoine Marcangeli, qui dirigea le même mouvement de 1965 à 1979 et présida le tribunal de commerce, il s’inscrit dans la continuité d’une tradition politique héritée de l’Empire, au cœur de l’identité ajaccienne et dominant la vie publique locale depuis 1947.
Ses racines viennent des Marcangeli d’Azzana, dans le Cruzzini par son père, et de Bastelica par les Giorgetti. Du côté de sa mère, elles plongent à Ajaccio et Serra di Scopamène
Il y a vingt ans, sa disparition, le 15 novembre 2005, marqua le début d’une longue parenthèse dans la vie politique locale pour les Bonapartistes : leur retour à la Maison Carrée n’interviendra qu’en 2014, avec l’élection d’un autre Marcangeli, un lointain parent cette fois, prénommé Laurent.
Sa vie avant la politique
Dans la presse de l’époque, on apprend qu’il passe une partie de son enfance au Brésil et qu’il fréquente le lycée français de Rio de Janeiro, ce qui lui donne le goût pour le voyage et l’exploration. Il étudie la médecine à Paris où tente une brève aventure politique, avant de rentrer en Corse en 1973.
« J’ai eu la chance d’avoir une vie professionnelle riche et variée, allant de la médecine pénitentiaire à la médecine familiale, en passant par la médecine sportive », confiera-t-il.
« Il était doué et bon orateur. C’était un homme de dossiers, et il a eu des postes importants où il a pu réaliser de belles choses », observe-t-on du côté de la famille Ornano.
Cultivé, aimant la peinture des impressionnistes et la poésie, lecteur assidu et mélomane attaché à Michel Delpech et à la chanson française, Marc Marcangeli se définissait lui-même comme un gourmet et un bon vivant. Claude Massei, son chauffeur et ami de toujours dépeint un homme « humain », « chaleureux » et« très généreux ». Passionné de football, esthète et éternel célibataire, celui qui était toujours tiré à quatre épingles s’aventura à comparer bon goût et politique : « Le bon goût en politique, disait-il, c’est avoir le sens de la mesure, de la rigueur et de la minutie. »
La carrière politique
Il entame véritablement sa carrière politique lorsque son oncle l’investit dans le 3ᵉ canton.
Élu conseiller général de 1985 à 1998, il prend en 1986 la présidence de l’Office HLM de Corse-du-Sud, puis devient le premier adjoint de son oncle entre 1989 et 1994. À la mort de Charles Ornano, il lui succède à la mairie d’Ajaccio à la suite d’élection interne du conseil municipal en mars 1994.
« Ai-je été choisi par Charles Ornano pour me présenter comme son successeur en 1995 parce qu’apte à remplir cette tâche de maire ? Vous l’avez écrit vous-même : parce que son flair a joué avant son cœur. La famille est une chose, la mission une autre », confiera-t-il à Corse-Matin dans son édition du 5 mars 1994.
Il remporte les municipales de 1995 et récupère en 1998 la présidence du Conseil général. Entre octobre 1994 et mai 1995, il siège également comme député, en remplacement de José Rossi entré au gouvernement Balladur.
À la suite d’élections partielles, Marc Marcangeli est réélu en septembre 2000.
Mais ce succès ne se confirme pas en 2001 : il perd la mairie face à Simon Renucci. Une défaite qui marque la fin de sa carrière politique.
Une semaine plus tard, il perd aussi la présidence du Conseil général.
Marc Marcangeli restera toutefois conseiller municipal jusqu’à sa mort.
Sa vision pour Ajaccio
Homme de terrain, Marc Marcangeli, durant son passage à la mairie de 1994 à 2001, accompagna une époque de dynamisation urbaine, de défis économiques et de mutation politique. Il était conscient des enjeux dans un contexte mouvementé, sur fond de revendications nationalistes. Contraint, dans un contexte de situation financière dégradée, il défendait néanmoins une vision d’Ajaccio, voulant mettre en valeur ses innombrables atouts : une cité ouverte sur la Méditerranée, fière de son histoire et résolument tournée vers l’avenir. Cette ambition devait pour lui se manifester dans l’effort d’équipements destinés à assurer son développement et soutenir l’activité touristique.
Déjà à l’époque, la citadelle d’Ajaccio était un enjeu de développement économique. Il a engagé les démarches auprès du Ministère des Armées pour son rachat avec l’ambition de la transformer en un centre de vie mêlant culture, mémoire impériale et dynamisme économique.
Il s’est aussi attelé à redresser certaines pratiques assumant un certain esprit bonapartiste, avec une vision forte de la puissance publique et de l’intérêt communal. L’efficacité et l’efficience du service public était un enjeu important à ses yeux.
Sous sa mandature, les réalisations et les projets majeures furent : l’usine d’eau potable de la Confina, l’école de Boddiccione, la halle aux poissons, la création de l’Office municipal de tourisme, la rénovation de la place du Casone, la construction de la 2e station d’épuration de Campo Dell’Oro (réalisée après son départ) , la nouvelle Caserne des pompiers, le projet d’acquisition de la Citadelle, la création du syndicat inter-hospitalier pour préparer le nouvel hôpital, stationnements souterrains et de surface, station d’épuration, rocade, l’extension du cimetière Saint-Antoine ou la reconstruction du gymnase du Finosello.
A la fin de sa vie, il se retire dans les Landes. Aujourd’hui, la place Marcangeli devant la poste Saint-Gabriel et une rue intégrée au nouvel adressage communal du secteur des Sanguinaires célèbrent son souvenir.

